Oubliez turbans, paillettes et autres artifices de foire. L’hypnose se pratique désormais en blouse blanche. A l’hôpital Robert-Debré (XIXe), une équipe d’infirmiers évalue les effets de cette thérapie alternative sur la douleur et l’anxiété de leurs plus jeunes patients, dans les conditions réelles du bloc opératoire.
D’ici à la fin de l’année, 120 enfants, de 10 à 18 ans, doivent participer à cette étude clinique inédite. Tous subissent des opérations des os, lourdes — elles durent environ quatre heures — et particulièrement douloureuses et anxiogènes. « Jusqu’ici, 90% des familles auxquelles nous avons proposé l’expérience nous ont répondu favorablement », notent les infirmières Nathalie Duparc et Karine Tiberghien, qui pilotent le projet.
Les patients sont répartis en deux groupes, de manière aléatoire : 60 feront une courte séance d’hypnose au bloc, juste avant l’anesthésie. Les autres non. » Dans quelques mois, l’unité de recherche clinique de l’hôpital analysera les résultats. Les statisticiens compareront l’anxiété et la douleur des 120 enfants, mais aussi leur consommation d’analgésiques, en particulier la morphine, ainsi que les éventuels effets secondaires de l’opération, comme les nausées.
Si l’heure n’est pas aux conclusions, le premier ressenti du personnel semble encourageant. « L’hypnose permet un endormissement en douceur, confie Anne Thiollier, une infirmière formée pendant deux ans à cette technique. Pour nous, c’est un vrai bonheur de voir le patient calme et détendu quand on lui pose le masque! » A chaque fois, après plusieurs réunions d’explications avec la famille, le jeune malade est mis à contribution pour imaginer un scénario agréable qui servira de base à la séance d’hypnose, le lendemain, sur la table d’opération. « Certains écrivent carrément un script, avec beaucoup de détails… Quand on leur raconte, on part avec eux! » note Philippe Tricaud, infirmier.
« L’idée, c’est qu’ils fassent abstraction de ce qui se passe autour, poursuit Karine Tiberghien. Ils entrent dans un état d’hyperconcentration, entre veille et sommeil. En évoquant des choses agréables, en jouant sur la respiration, on leur suggère du confort et du bien-être. » Ainsi, le petit Nicolas* s’est endormi dans une piscine de bonbons. La jeune Clothilde s’est rêvée sur un manège de Disneyland. Un autre a vogué sur une pirogue en Amazonie… « Nous ne sommes pas des hypnotiseurs, insistent les pros. Quelque part, ce sont les enfants qui font tout le boulot! On ne fait que les guider. »
Mais le bonheur est de courte durée. Les séances ne durent jamais plus de dix minutes, manière de ne pas perturber le planning et les procédures très cadrées des chirurgiens du bloc opératoire. « C’est une condition cruciale! note Anne Thiollier. Pour pouvoir la généraliser, la technique doit être simple, facilement reproductible et suffisamment rapide pour ne pas retarder le programme des interventions. » Les infirmiers participant à l’étude, pleins d’espoir, espèrent que leur travail « donnera des armes à ceux qui veulent implanter cette méthode de manière plus pérenne à l’hôpital ». A ce jour, sur les 700 infirmiers de Robert-Debré, une soixantaine a déjà été formée à l’hypnose.
* Les prénoms ont été changés.
Source: Le Parisien
D’ici à la fin de l’année, 120 enfants, de 10 à 18 ans, doivent participer à cette étude clinique inédite. Tous subissent des opérations des os, lourdes — elles durent environ quatre heures — et particulièrement douloureuses et anxiogènes. « Jusqu’ici, 90% des familles auxquelles nous avons proposé l’expérience nous ont répondu favorablement », notent les infirmières Nathalie Duparc et Karine Tiberghien, qui pilotent le projet.
Les patients sont répartis en deux groupes, de manière aléatoire : 60 feront une courte séance d’hypnose au bloc, juste avant l’anesthésie. Les autres non. » Dans quelques mois, l’unité de recherche clinique de l’hôpital analysera les résultats. Les statisticiens compareront l’anxiété et la douleur des 120 enfants, mais aussi leur consommation d’analgésiques, en particulier la morphine, ainsi que les éventuels effets secondaires de l’opération, comme les nausées.
Si l’heure n’est pas aux conclusions, le premier ressenti du personnel semble encourageant. « L’hypnose permet un endormissement en douceur, confie Anne Thiollier, une infirmière formée pendant deux ans à cette technique. Pour nous, c’est un vrai bonheur de voir le patient calme et détendu quand on lui pose le masque! » A chaque fois, après plusieurs réunions d’explications avec la famille, le jeune malade est mis à contribution pour imaginer un scénario agréable qui servira de base à la séance d’hypnose, le lendemain, sur la table d’opération. « Certains écrivent carrément un script, avec beaucoup de détails… Quand on leur raconte, on part avec eux! » note Philippe Tricaud, infirmier.
« L’idée, c’est qu’ils fassent abstraction de ce qui se passe autour, poursuit Karine Tiberghien. Ils entrent dans un état d’hyperconcentration, entre veille et sommeil. En évoquant des choses agréables, en jouant sur la respiration, on leur suggère du confort et du bien-être. » Ainsi, le petit Nicolas* s’est endormi dans une piscine de bonbons. La jeune Clothilde s’est rêvée sur un manège de Disneyland. Un autre a vogué sur une pirogue en Amazonie… « Nous ne sommes pas des hypnotiseurs, insistent les pros. Quelque part, ce sont les enfants qui font tout le boulot! On ne fait que les guider. »
Mais le bonheur est de courte durée. Les séances ne durent jamais plus de dix minutes, manière de ne pas perturber le planning et les procédures très cadrées des chirurgiens du bloc opératoire. « C’est une condition cruciale! note Anne Thiollier. Pour pouvoir la généraliser, la technique doit être simple, facilement reproductible et suffisamment rapide pour ne pas retarder le programme des interventions. » Les infirmiers participant à l’étude, pleins d’espoir, espèrent que leur travail « donnera des armes à ceux qui veulent implanter cette méthode de manière plus pérenne à l’hôpital ». A ce jour, sur les 700 infirmiers de Robert-Debré, une soixantaine a déjà été formée à l’hypnose.
* Les prénoms ont été changés.
Source: Le Parisien